dénuer

dénuer

dénuer (se) [ denɥe ] v. pron. <conjug. : 1>
XIIe v. tr.; lat. denudare dénuder
Littér. Se priver. Il s'est dénué de tout pour nourrir ses enfants.

dénuer verbe transitif (latin denudare, mettre à nu) Littéraire. Dépouiller quelqu'un de quelque chose, l'en priver : Une faillite l'a dénué de tout.

⇒DÉNUER, verbe trans.
[Le compl. désigne une pers.] Priver, dépouiller.
A.— Gén. à la forme pronom. (Se) dépouiller des biens matériels, des choses nécessaires ou considérées comme nécessaires. (Quasi-)synon. appauvrir, démunir (de); (quasi-)anton. approvisionner, munir :
... ma cousine et ma tante ont bien voulu accepter un faible souvenir de moi : veuillez à votre tour agréer des boutons de manche qui me deviennent inutiles (...) Mon garçon, faut pas te dénuer comme ça... Qu'as-tu donc, ma femme? dit-il en se tournant avec avidité vers elle, ah! un dé en or. Et toi, fifille, tiens, des agrafes de diamants.
BALZAC, Eugénie Grandet, 1834, p. 173.
B.— P. métaph. Dépouiller d'un bien moral, d'une valeur abstraite. La moindre pression extérieure suffirait à dénuer l'être de tout prix, de toute beauté, de toute consistance (BLONDEL, Action, 1893, p. XXII). L'erreur d'esthétique que j'ai voulu signaler ici et qui me semble dénuer de talent tant de jeunes gens originaux (PROUST, Chroniques, 1922, p. 138).
Emploi pronom. à valeur passive. Partout où j'ai comme un mouton Qui laisse sa laine au buisson, Senti se dénuer mon âme (MUSSET, Nuit déc., 1835, p. 95).
Prononc. et Orth. :[], (je) dénue [deny]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1re moitié XIIe s. denuer « mettre à nu » (Psautier Cambridge, Canticum Abbacuc, 19, p. 271 : Tu ... denuas le fundement [de la maison de felun; denudasti fundamentum]); 2. 1194-97 desnuer « démunir, priver de tout bien » (HÉLINAND, Vers de la Mort, F. Wulff et E. Walberg, III, 3 : Qui les riches sés desnuer); 1370 desnué de qqc. part. passé adj. « dépourvu, privé de quelque chose » (ORESME, Livre de Ethiques, éd. A. D. Menut, fol. 13 d, p. 128). Du lat. denudare (v. dénuder), altéré en disnudare au IXe s. (ds Arch. lat. Méd. Aev., 1930, p. 126). Fréq. abs. littér. :4.

dénuer [denɥe] v. tr.
ÉTYM. Av. 1150; du lat. denudare (→ Dénuder); de de-, et nudare.
Priver, dépouiller (qqn) des choses nécessaires. Dépouiller, priver.REM. Dénuer est rare à la forme active.
——————
se dénuer v. pron.
Littér. Se priver (de). || Il s'est dénué de tout au profit des pauvres. || Se dénuer pour sa famille. Appauvrir (s'), sacrifier (se).Figuré :
0 Partout où j'ai, comme un mouton,
Qui laisse sa laine au buisson,
Senti se dénuer mon âme (…)
A. de Musset, Poésies nouvelles, « Nuit de décembre ».
CONTR. Approvisionner, assortir, enrichir, fournir, garnir, munir, nantir, pourvoir.
DÉR. Dénuement, dénué.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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